Premier roman tip top !
Bonjour à tous !
Au jourd'hui un post plus rapide que celui d'hier pour vous présenter le deuxième livre que j'ai lu pour mon petit frère. Pour ceux qui n'ont pas lu le précédent post, je lui cherche un premier roman facile à lire et dont l'intrigue ne se déroule pas de nos jours.
A la librairie je suis donc tombée sur ce livre : Le vrai prince Thibault, d'Evelyne Brisou-Pellen. J'aimais déjà beaucoup cette auteur lorsque j'étais adolescente et n'ai cessé de la recommander à mes élèves l'an dernier. J'ignorais en revanche qu'elle écrivait pour un lectorat plus jeune... Je me suis donc précipitée dessus et ... je n'ai pas été déçue !
Le vrai prince Thibault, Evelyne Brisou-Pellen
Paru en 2006
Présente édition : Rageot, 2016
Age de lecture: 7-8 ans
L'intrigue prend place dans un univers médiéval. La reine Sophie donne un jour naissance au prince Thibault (appelé ainsi car Thibault rime avec beau et pour son père, le roi Charles, l'enfant est le plus beau du monde). Malheureusement, la reine meurt peu après et le prince est confié à la femme du valet du roi, qui, par un heureux hasard vient elle aussi de donner naissance à un fils, Guillaume. Pour tromper son chagrin le roi décide de partir en guerre et emmène avec lui son valet, laissant les deux garçons à la nourrice providentielle. Un malheureux jour, un incendie détruit la maison de la nourrice qui meurt dans les flammes. On retrouve fort heureusement les deux bébés dans le jardin. Mais personne, en dehors de la malheureuse disparue ne sait reconnaître le fils du roi, du fils du valet. Le roi décide alors de garder près de lui et d'élever les deux enfants comme ses fils : ils seront renommés Thillaume et Guibault. Il attend de voir lequel lui ressemblera le plus pour reconnaître son fils. Mais les deux garçons grandissent sans qu'aucun signe disctinctif ne puisse les différencier, excepté leurs cheveux, ce qui n'est pas d'une grande aide. Pire ! Ils semblent s'amuser de cette ressemblance pour jouer des tours à tous les habitants du château. Dès qu'une astuce est trouvée pour enfin parvenir à les différencier, ils s'ingénient avec facétie à la détourner et à faire ainsi tourner chèvre les adultes qui les entourent. Mais ils grandissent, deviennent plus sages, sans perdre de leur complicité, et présentent tous les deux de belles qualités dignes d'un prince.
Un jour alors qu'ils se baignent dans la rivière, une vieille femme, qui avait assisté la pauvre reine lors de son accouchement, reconnaît le prince à la tache de naissance qu'il a dans le dos. Elle en prévient le roi qui fait appeler les garçons. Lorsque ces derniers arrivent au château, ils viennent de se disputer pour la première fois et ne se parlent plus. Thillaume est reconnu par la vieille femme comme étant le prince Thibault. Guibault pensant avoir perdu son ami et se sentant abandonné s'enfuit dans la nuit. Thillaume s'aperçoit de sa disparition au petit matin et se lance à sa poursuite. Les deux garçons se connaissant sur le bout des doigts, il ne lui est pas difficile de retracer le chemin de son ami, même si cela lui demande d'être quelque peu aidé... Thillaume retrouve Guibault et les deux frères se tombent dans les bras. Ils apprennent par un heureux hasard que la vieille femme a menti et qu'elle ne sait pas du tout qui est le véritable prince. Les garçons s'empressent de rentrer au château pour rétablir la vérité. C'est un retour au point de départ pour le roi qui ne sait toujours pas lequel est son fils. Un jour, le vieux sage descend de sa tour avec un portrait du grand-père du roi auquel l'un des garçons ressemble particulièrement. Enfin nous allons découvrir qui est le véritable prince Thibault ! Mais les jeunes hommes ne l'entendent pas de cette oreille ! Ils prennent le portrait chacun par une main, se jettent un coup d'oeil malicieux et ... malencontreusement laissent échapper dans le puits le précieux tableau dont les couleurs se diluent dans l'eau. Finalement, personne ne saura jamais qui est le véritable prince Thibault. Et ce n'est pas plus mal car les qualités des deux jeunes hommes se complètent merveilleusement bien pour l'exercice du pouvoir qu'ils partagent pour gouverner ensemble à la mort du roi Charles.
Ce roman a toutes les qualités que je cherchais pour un premier roman. D'abord sur le fond, l'intrigue est captivante et bien menée : il y a un secret qu'il faut découvrir et plusieurs fois dans le texte on peut penser que les personnages y arrivent. Les rebondissements attisent la curiosité du lecteur et lui donnent l'envie de lire davantage. C'est exactement ce que je cherchais : un très jeune lecteur peut vite être fatigué par la lecture d'un texte long. Or dans ce roman, non seulement, on a toujours envie de lire la suite, mais en plus l'organisation du récit permet de faire des pauses cohérentes assez régulièrement sans perdre le fil. Il y a plusieurs petits épisodes relativement indépendants à l'intérieur de l'intrigue principale.
Les personnages de Guibault et Thillaume sont attachants par leur complicité et leur caractère farceur, jamais méchant, mais extrêmement imaginatif ! Ce qui rend d'ailleurs certains passages très drôles ! Lorsqu'ils grandissent, ils développent de nobles qualités. Un jeune lecteur peut donc aisément s'identifier à l'enfant espiègle qui grandit en âge comme en sagesse pour devenir un adolescent puis un adulte plein de qualités.
En plus d'être excellent sur le fond, ce roman est admirable sur la forme ! Je vante rapidement les mérites de la police choisie par l'éditeur : police élégante à empâtements, qui crée une ligne virtuelle et permet au lecteur de lire plus facilement, et assez grosse pour le confort de lecture et - critère non négligeable - qui donne l'impression d'une lecture plus rapide. Un jeune lecteur peut vite se décourager s'il a l'impression de ne pas avancer dans sa lecture. Or ici, les pages peuvent se tourner assez rapidement, selon la vitesse de lecture de l'enfant.
J'en viens à ce qui m'a le plus émerveillée à la lecture de ce roman : la langue. Sans être trop soutenue pour ne pas effrayer le lecteur, elle ne contient pas pour autant de formules orales. Dans ce récit au passé, on trouve bien une alternance de verbes à l'imparfait, au passé simple et au passé-composé selon la valeur des actions exprimées. C'est que j'y tiens à cette variété !! Chaque temps est employé à sa juste place et quel plaisir de lire un récit dont les actions se déroulent de la sorte sous nos yeux ! Mais la conjugaison n'est pas la seule bonne surprise de ce roman : le vocabulaire est très riche. Il reste dans la limite de ce que peut comprendre un enfant tout en lui indiquant qu'il est possible d'utiliser tel ou tel mot peu usité. Les termes sont particulièrement bien choisis et précis. Enfin la syntaxe est im-pe-ccable !
Merci donc à Evelyne Brisou-Pellen de nous livrer encore une fois un ouvrage de qualité. Je vous le conseille vivement ! Offrez-le à vos élèves, à vos enfants, à vos cousins, à vos frères, à vous-même si cela vous intéresse. Bref ! une lecture qui ne fait que du bien !
Je vous laisse avec cet extrait et vous dis à très vite !
"Dans le château, la vie était redevenue bien gaie : les deux garçons mettaient de l'animation dans les vieux murs, et même parfois trop.
Comme on ignorait toujours lequel était lequel, on les appelait Thillaume et Guibault. Ils étaient inséparables, s'entendaient mieux que des frères, si bien qu'on n'arrivait jamais à savoir lequel s'était servi de l'épée sacrée des ancêtres pour se découper une part de poulet, qui avait perché le hennin de la gouvernante sur le sommet du donjon, ou fait des noeuds à la corde du puits.
Leurs devoirs de latin étaient toujours identiques, car Guibault, qui était le meilleur, laissait Thillaume copier sur lui.
Quad ils partaient à la chasse, il était impossible de savoir qui avait pris le gibier, car Thillaume, le plus adroit, partageait tout avec Guibault.
Le roi les aimait tous les deux et, il faut bien le dire, il les aimait autant l'un que l'autre.
- Mais bon sang de bon sang ! disait-il de temps en temps, il faut tout de même bien que je sache lequel est mon fils !"